La levée de la condamnation de l’AF

Contrairement à ce que j’ai pu lire avec étonnement sur le Salon beige, qui
reprenait tel quel un article de l’AF 2000, il n’est pas vrai que la
condamnation de l’AF fut « levée sans contrepartie » par Pie XII en 1939.

D’abord, précisons que les numéros parus jusqu’au 10 juillet 1939 sont
restés à l’Index : leur condamnation n’a pas été annulée.
Ensuite, il y eut bien « contrepartie » et rétractation.
Dans une lettre de soumission adressée au Saint-Père le 19 juin 1939 (texte
ci-dessous),  les dirigeants de l’Action Française historique  affirment
eux-même que « depuis longtemps, les violences, attaques et toute autre
attitude du journal qui ont motivé la condamnation de 1926, ont cessé et
sont désavouées » et évoquent « les justes motifs de prohibition ».

Cette crise entre l’AF et Rome fut compliquée et tragique ; elle eut des
conséquences considérables : on doit d’autant plus l’aborder avec honnêteté
et exactitude.

« Texte de la déclaration présentée par le conseil de direction du journal l’Action
Française :

Très Saint Père,

Nous soussignés, membres du Comité-directeur du journal L’Action Française
unis dans les sentiments de la plus profonde vénération pour Votre Sainteté.

Mettons à Ses Pieds, au début de Son Pontificat, marqué déjà des signes
universellement reconnus de la Justice et de la Paix, la sincère et loyale
déclaration de nos intentions et des assurances par lesquelles nous voulons
renouveler l’expression des sentiments que nous avons déjà soumis au très
regretté et vénéré Pontife Pie XI, de sainte mémoire, dans notre lettre du
20 Novembre 1938, pour obtenir le retrait de la mise à l’Index, prononcée
par la Suprême Sacrée Congrégation du Saint-Office contre le journal L’Action
Française.

1) Pour ce qui concerne le passé, nous exprimons la plus sincère tristesse
de ce qui, dans les polémiques et controverses antérieures et postérieures
au Décret de condamnation du Saint-Office, le 29 Décembre 1926, a paru et a
été de notre part irrespectueux, injurieux et même injuste envers la
Personne du Pape, envers le Saint-Siège et la Hiérarchie Ecclésiastique, et
contraire au respect que tous doivent avoir pour toute Autorité dans l’Église.

2) Pour tout ce qui regarde en particulier la Doctrine, tous ceux d’entre
nous qui sont Catholiques, en réprouvant tout ce qu’ils ont pu écrire d’erroné,
rejettent complètement tout principe et toute théorie qui soient contraires
aux enseignements de l’Église Catholique, enseignements pour lesquels nous
professons unanimement le plus profond respect.

3) Nous déclarons et assurons en outre que nous voulons être très attentifs
à rédiger le journal, de telle manière que, ni les collaborateurs, ni les
lecteurs n’y trouvent rien qui, directement ou indirectement, trouble leur
conscience et qui s’oppose à l’adhésion due aux enseignements et aux
directives d’ordre religieux et moral de l’Église.

Nous affirmons formellement notre volonté unanime de développer notre
activité de journalistes, même dans le domaine social et politique, de façon
à ne jamais manquer, pour ce qui est des Catholiques, à la soumission et,
pour nous tous, au respect dû aux directives de l’Autorité Ecclésiastique
dans les problèmes qui, en ce domaine social et politique, intéressent l’Église
par leurs rapports avec sa fin surnaturelle.

Depuis longtemps, Très Saint Père, les violences, attaques et toute autre
attitude du journal qui ont motivé la condamnation de 1926, ont cessé et
sont désavouées.

C’est pourquoi nous osons demander au Père qui tient les Clefs de la
Miséricorde et de la Justice, de daigner considérer, en terminant l’examen
déjà commencé par Sa Sainteté Pie XI, si, selon Son jugement souverain, les
justes motifs de prohibition ayant, ce nous semble, cessé d’exister,
celle-ci ne pourrait légitimement tomber à son tour.

Et nous mettons aux Pieds de Votre Sainteté, avec l’hommage de notre
profonde vénération, celui de notre dévouement inaltérable, en sollicitant
de tout cœur les Bénédictions du Père commun sur chacune de nos personnes
et, par delà, sur toute notre France, fille aînée de l’Église, à laquelle
nous avons dévoué notre vie.

Paris, le 19 Juin 1939.
Léon Daudet, Co-directeur de L’Action Française;
Ch. Maurras, Co-directeur de L’Action Française.
Maurice Pujo, Rédacteur en chef de L’Action Française.
Paul Robain.
Jacques Delebecque.
F. de Lassus.
Robert de Boisfleury, Administrateur délégué de L’Action Française.
Général de Partouneaux, Président du Conseil d’Administration.
M. de Roux, avocat, leur défenseur et conseilleur. »

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